Quelles sont les obligations à respecter en tant que franchiseur ?
La franchise est un format qui rencontre un franc succès dans de nombreux secteurs (restauration, hôtellerie, commerce alimentaire, etc…). Et pour cause, il a de nombreux avantages à la fois pour le franchiseur, et pour le franchisé.
Quelle est la définition précise d’une franchise ? Que doit contenir un contrat de franchise ? Quelles sont les clauses obligatoires encadrées par une franchise ? Quelles sont les options qui peuvent être demandées ? Quels risques en cas de non-respect du contrat ?
On vous donne les clés pour bien comprendre le sujet.
Quelle est la définition d’une franchise ?
Premier point, il n’existe pas de définition légale.
En revanche, celle donnée par la BPI nous semble particulièrement appropriée : “la franchise est un système de commercialisation de produits, services ou technologies reposant sur une étroite collaboration entre deux entreprises juridiquement et financièrement indépendantes l'une de l'autre.”
En d’autres mots ? Deux entreprises choisissent de s’unir afin de déployer un produit ou un service. La première concède à l’autre le droit d’utiliser son enseigne (image, produits, savoir-faire, etc…). La seconde s’engage à gérer les opérations en respectant les règles définies par la première. Une contrepartie financière est négociée entre les deux sociétés.
Quel cadre légal pour la franchise ?
La franchise est encadrée par deux éléments clés.
Le code de déontologie européen
Le code européen donne sa propre définition de la franchise. La voici.
« Le franchiseur accorde à ses franchisés le droit, et impose l’obligation d’exploiter une entreprise en conformité avec le concept du franchiseur. Le droit ainsi concédé autorise et oblige le franchisé, en échange d’une contribution financière directe ou indirecte, à utiliser l’enseigne et/ou la marque de produits et/ou de services, le savoir-faire, et autres droits de propriété intellectuelle, soutenu par l’apport continu d’assistance commerciale et ou technique, dans le cadre et pour la durée d’un contrat de franchise écrit, conclu entre les parties à cet effet. »
Cette définition permet donc de cadrer les rôles de chaque partie prenante et de préciser également les conséquences financières de ce type de contrat. Il amène notamment le sujet des redevances périodiques versées par le franchisé au franchiseur.
Zoomons maintenant sur le document qui cadre chaque contrat de franchise.
Le document d'information précontractuel (DIP)
Comme son nom l’indique, le Document d’information Précontractuel (DIP), prévu par la loi Doubin du 1er avril 1991, est un document émis en amont de la signature du contrat de franchise. Il est envoyé par le franchiseur dans un délai de 20 jours en amont de la signature prévue du contrat ou du premier versement du franchisé.
La liste des informations devant figurer dans le document d’information précontractuelle figure dans l’article 1 du décret Doubin du 1er avril 1991.
Ce document doit contenir :
- Les informations sur la tête de réseau (adresse du siège, nature des activités, forme juridique, identité du ou des dirigeants, capital social) ;
- Le numéro d’inscription au RCS ou au RM de la tête de réseau, le cas échéant la date et le numéro d’inscription de la marque au répertoire national des marques. Si la marque fait l’objet d’une licence, il faut indiquer la durée par laquelle elle est consentie ;
- La ou les domiciliations bancaires de la tête de réseau ;
- La date de création de l’entreprise, une présentation de sa propre évolution et de celle de son réseau d’exploitants, justification de son expérience et des possibilités de réussite,
- La présentation l’état général et local du marché des produits et/ou services visés par le contrat ;
- Le réseau d’exploitants : liste des entreprises, adresse des entreprises avec lesquelles la tête de réseau est liée par un contrat de même type, date de conclusion ou de renouvellement de ces contrats, et le nombre d’entreprises qui ont quitté le réseau au cours de l’année qui précède la remise du DIP ;
- L’indication, le cas échéant, de tout établissement présent dans la zone d’implantation prévue et qui distribue les produits et/ou services prévus dans le contrat ;
- Les caractéristiques du contrat proposé : durée, champ des exclusivités, montant des dépenses spécifiques à l’enseigne ou la marque à engager avant de démarrer l’exploitation, mode de renouvellement, de résiliation et de cession.
On doit également retrouver en annexe : les comptes annuels des deux derniers exercices et un extrait Kbis de la tête de réseau.
Ce document doit être rédigé en toute bonne foi et permettre à chaque partie prenante de comprendre ses devoirs et obligations. Ce fameux DIP est encadré en France par le Code du Commerce.
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3 éléments clés du contrat de franchise
La transmission des signes distinctifs
C’est la base du contrat.
Il s’agit ici pour le franchiseur de transmettre tous les éléments correspondant à son enseigne afin que le franchisé puisse les mettre en place dans les meilleures conditions. Produits, services, technologies utilisées, design de l’enseigne, logo et nom commercial, brevets, merchandising, sigles éventuels, éléments de langage, etc…
Le franchiseur n’a pas obligation d’être propriétaire de tous ces éléments. Il doit en revanche dans ce cas être reconnu comme licencié principal.
Bon à savoir : C’est au franchiseur de défendre la marque en cas de problème d’usurpation d’identité. Le franchisé est alors simplement considéré comme un tiers.
Le savoir-faire
C’est l’élément clé pour la bonne conduite du contrat.
Ce savoir-faire est consigné dans ce que l’on appelle le manuel opératoire. Plus concrètement, c’est une sorte de bible qui présente chaque élément distinctif de l’ensemble ainsi que les clés pour les maîtriser.
Prenons l’exemple d’une franchise en restauration qui propose des sushis en livraison. Il s’agit pour le franchiseur de transmettre tout son savoir-faire en la matière (qualité des produits, fournisseurs des matières premières, formation en cuisine, mise en place des produits dans le packaging, stockage des ingrédients, etc…) afin de lui permettre d’incarner au mieux les valeurs de l’enseigne.
Selon les cas, la transmission de savoir-faire peut se faire de différentes manières (formation sur place, onboarding en visio, immersion dans une franchise similaire, guide papier, etc…). Il est important de noter ici que ce fameux savoir-faire est en amélioration continue. Autrement dit ? Cela implique des mises à niveau régulières afin de garantir le même niveau de qualité dans l’ensemble des franchises.
Bon à savoir : Au regard de la loi, le savoir-faire est « un ensemble secret, substantiel et identifié d'informations pratiques non brevetées, résultant de l'expérience du franchiseur ».
L’assistance commerciale et technique
C’est ce qui permet de créer une relation solide sur le long terme.
Il est possible que pendant la mise en place de la franchise, particulièrement lors des premiers mois ou pour les changements importants, que le franchisé ait besoin d’aide.
Questions, incompréhensions, éléments à clarifier, conseils… Le franchiseur doit pouvoir être à ses côtés et l’accompagner. Le but ? Faire en sorte que tout puisse être mis en place de façon efficace et constructive pour chacun. La bonne nouvelle ? La majorité des grandes franchises proposent spontanément ce type d’accompagnement, avec notamment des points intermédiaires et un suivi rapproché.
Autrement dit ? Au moment de vous lancer, vous n’êtes pas seul. Un expert vous accompagne et fait en sorte que votre projet se passe au mieux. C’est un élément de réassurance indispensable, notamment si vous vous lancez pour la première fois, qui vous permettra d’éviter certaines erreurs au démarrage.
Sachez que certaines franchises proposent également des accompagnements ou services complémentaires, parfois facturés (service juridique, marketing, informatique, centrale d'achat, recherche de local, aide au financement, mise à disposition de personnel, etc…). Ces éléments sont alors précisés dans le contrat ou à l’occasion d’un avenant éventuel.
Quelles options complémentaires autour des contrats de franchise ?
Au-delà des sujets liés à la bonne exploitation de la franchise, deux autres éléments essentiels peuvent être négociés lors de la signature du contrat.
La communication
Le réseau de franchise dispose en général d’une force de frappe importante et de moyens importants d’un point de vue communication. Souvent, des grandes campagnes sont prévues à l’échelle globale. Il est alors possible pour le franchisé de négocier la possibilité d’être mis en avant. Cela peut être un excellent tremplin et lui permettre d’avoir un lancement plus efficace.
Bon à savoir : Certains contrats vont jusqu’à préciser que le franchiseur a obligation de faire bénéficier à l'ensemble de son réseau de franchisés de campagnes du publicité nationale et/ou internationales en contrepartie du versement d'une redevance publicitaire. C’est un élément non négligeable qu’il est donc important d’aborder lors des discussions.
Les clauses d'exclusivité
On distingue en général deux clauses d'exclusivité.
- La clause d'exclusivité de fourniture : Comme son nom l’indique, il s’agit ici d’imposer au franchiseur d'approvisionner uniquement son franchisé dans sa zone exclusive. Cela permet ainsi de protéger sa zone de chalandise et de maximiser le potentiel du franchisé d’un point de vue commercial.
- La clause d'exclusivité territoriale : Cette dernière fait référence à la zone géographique. Elle implique pour le franchiseur de garantir au franchisé le fait de ne pas accepter l’implantation d’une autre franchise dans une zone définie. Cela permet ainsi d’éviter toute concurrence trop importante.
Quels risques en cas de non-respect d’une des clauses du contrat de franchise ?
En cas de non-respect de certaines clauses du contrat, le franchiseur peut se voir infliger des sanctions. Il n’existe ce jour pas de barème spécifique, c’est donc un jugement au cas par cas. Le juge est alors la personne compétente sur le sujet et celle qui donne le verdict final. Sachez que c’est une procédure souvent longue et coûteuse. Il est donc recommandé de privilégier dans un premier temps des discussions et un accord à l’amiable.
Bon à savoir : Il peut être intéressant de choisir d’être accompagné par un avocat ou expert juridique lorsque l’on se lance dans un format de franchise. Cela permet ainsi de garantir la mise en place d’un contrat qui soit cohérent pour l’ensemble des parties prenantes.