J’AIME MON BISTROT, royal au bar !
Le fonds solidaire créé par des grands acteurs de la distribution, des associations, des startups, des producteurs est un franc succès
Le 14 mars dernier, l’annonce de la fermeture subite des cafés, hôtels et restaurants a pris tout le monde de court, professionnels comme consommateurs. Passé cet état de sidération, les initiatives solidaires se sont rapidement multipliées pour venir en aide aux nombreux commerces fermés. Lancée par des producteurs, des associations, des start-ups et des grands acteurs de la distribution, dont certains sont d’ordinaire concurrents entre eux, la plate-forme J’aime mon bistrot a connu un succès fulgurant. est allé à la rencontre de Thierry Caloin, directeur commercial CHD de Kronenbourg, entreprise partenaire, et a recueilli les témoignages des restaurateurs/cafetiers émus de ce soutien spontané, tant financier que moral. Professionnels, sachez qu’il n’est pas trop tard pour prendre le train en marche et vous inscrire sur jaimemonbistrot.fr !
La plate-forme « J’aime mon bistrot, » vue par ses partenaires
Combo : Quand est née l’initiative « J’aime mon bistrot » et quel est son objectif ?
Thierry Caloin : La plate-forme J’aime mon bistrot a été lancée une dizaine de jours après l’annonce de la fermeture des bars et des restaurants et a tout de suite été adoptée par les CHR et le public. C’est un laps de temps très court qui témoigne de la gravité de la situation et de la nécessité de soutenir financièrement toute une filière en partant d’un principe simple : le consommateur prépaie un café, une boisson, un repas (de 1,50 à 50 €) dans l’établissement de son choix inscrit sur jaimemonbistrot.fr, et profite de ce bon d’achat ultérieurement. Le succès rencontré par le fonds solidaire ainsi créé prouve l’attachement des Français à leurs bistrots et à leurs restaurants, qui font partie intégrante de notre patrimoine.
C : Comment procéder pour s’inscrire quand on est un professionnel ?
TC : L’établissement doit d’abord faire la démarche de s’inscrire sur la plateforme en suivant la procédure en 3 étapes : il suffit de créer et de personnaliser sa page, de renseigner le compte Stripe permettant le transfert de flux financiers, avant d’envoyer les pièces justificatives demandées pour finaliser le dossier. Pour s’inscrire, il faut cliquer et se laisser guider. Il est encore temps de le faire !
C : Outre le soutien financier et moral, qu’est-ce que l’initiative a favorisé ?
TC : Tous les CHR n’ayant pas le même rapport avec le digital, on peut imaginer que certains vont davantage s’y mettre suite à cette crise. D’un point de vue sanitaire, par exemple, la digitalisation des menus a du sens, car les cartes en papier ne sont pas hygiéniques du tout.
C : Comment analysez-vous le succès rencontré ?
TC : Le succès est au rendez-vous pour plusieurs raisons. Très vite il y a eu un effet boule de neige, qui fait que, chaque semaine, le nombre de partenaires doublait. Une communication excellente, qui a permis de se faire connaître en tant qu’initiative solidaire et de rencontrer rapidement le grand public. Il était prévu d’abonder* de 50 % les 10 000 premières commandes seulement, mais nous avons fini par en abonder 20 000. Aujourd’hui, nous comptabilisons près de 25 500 précommandes, pour un total de 1,5 million d’euros. Ce qui fait un panier moyen de 41 €. C’est remarquable. C’est également un succès collectif, car le message véhiculé n’est pas commercial, aucune marque partenaire n’est mise en avant, et chaque précommande peut s’accompagner d’un message écrit d’encouragements qui renforce le lien entre l’établissement et le consommateur.
La plate-forme « J’aime mon bistrot, » vue par les professionnels des HCR
Du côté des cafetiers et des restaurateurs, l’accueil réservé à l’initiative et le soutien reçu de la clientèle font partie des bonnes surprises de ces dernières semaines, dans un moment où le doute et l’angoisse étaient au rendez-vous.
Gildas Sibiril, propriétaire du restaurant Marius, à Pornic, aime que grands groupes « aient mouillé leur chemise » en participant à J’aime mon Bistrot. Il salue l’élan de générosité de ses clients et s’émeut des nombreux messages de bienveillance qu’il a reçus. Il qualifie même de gestes d’amour certaines précommandes qui se sont monté à 500 euros !
Joseph Pantaleo, du café chantant le Vieux Belleville à Paris, apprécie le fait de profiter de cette cagnotte prépayée pour payer certaines marchandises, car il n’aurait pas pu « faire la manche ». Figure de son quartier, il était certain du soutien de ses clients habitués. D’ailleurs, il abondera lui-même de 25% toute précommande effectuée, et offrira l’apéro et le café quand ses convives viendront l’honorer.
Sarah Zins, qui a ouvert le restaurant flottant Blue Flamengo à Strasbourg quelques mois avant le confinement, a été surprise de la réactivité de ses clients, qui, informés par email et les réseaux sociaux, avaient déjà précommandé pour 4000 euros en 3 jours. Touchée par cette solidarité financière, elle confesse également que les nombreux messages de bienveillance reçus lui ont fait chaud au cœur. Elle compte bien continuer à communiquer pour garder le lien avec ses clients et les informer des offres ponctuelles de son restaurant une fois rouvert.
Outre un soutien financier, l’élan de solidarité a montré la capacité des grands groupes à s’unir autour d’une même cause, et l’attachement des Français à leurs cafés et restaurants. D’ailleurs, après toutes ces semaines, tout le monde ne rêve que d’une chose : boire un verre en terrasse et s’attabler pour déguster un bon repas !
* Abonder : Approvisionner en argent. Dans le cadre de l’initiative, le collectif des partenaires a abondé de 50% les sommes versées par les consommateurs, dans la limite des 20 000 commandes.